Partie 1 : Chapitre 7

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Chapitre 7 : Merci Maman.

Akaashi souffla lourdement, quand son dos et le reste de son corps furent intégralement enveloppés par la douce chaleur de l'eau. Ses formes se perdaient sous toute la tonne de mousse, présente dans la baignoire. Keiji en avait tellement mis qu'il eut peur que cela déborde dans la salle de bains et inonde son appartement.
Pendant que sa mère hurlait contre son époux, car il mettait un temps fou à sortir de la douche, le brun détailla la salle d'eau. Il remarqua que le bleu roi des murs commençait à craqueler autour du petit lavabo, ainsi que le sèche-serviette semblait particulièrement vide. Il s'insulta intérieurement au moment où son cerveau lui en rappela la cause, sous les jérémiades de Maman Akaashi. Apparemment, d'après la gueularde à l'autre bout du téléphone, ils avaient un rendez-vous avec une organisatrice évènementielle dans dix minutes et le père du brun n'était toujours pas sorti.

    C’était toujours ainsi avec sa mère. Elle appelait et quand Akaashi décrochait, elle était finalement bien trop occupée à gérer autre chose. Que ce soit quand ils résidaient à la maison principale ou bien en France, le schéma était le même. Ainsi, cela ressemblait plus à un coup de fil rapide entre deux rendez-vous, plutôt qu’une prise de nouvelle longue et pleine d'émotions. Mais d’un côté, cela rassura Keiji, puisque de ce fait l’appel de sa maman n’allait pas s’éterniser.

— Excuse-moi mon chéri ; tu connais ton père ? Toujours trois heures dans la salle de bains… soupira-t-elle.

Le brun acquiesça distraitement, jouant avec une montagne de mousse qu'il envoya balader au loin d'un simple coup de vent. S’il était certain d’une chose, c’était que son père s'affichait toujours sous ses meilleurs jours, quel que soit le contexte. Ainsi pour une réunion parent-professeur ou pour un match de volley-ball, Papa Akaashi pouvait parfaitement sortir en costume trois pièces, les cheveux plaqués contre son crâne, maintenus par la moitié de son pot de gel. Alors dans les couloirs du lycée ou dans les tribunes du gymnase, il défilait la tête haute, d’une assurance sans faille, tel le plus populaire des acteurs sur le tapis rouge de Cannes. Malgré son caractère espiègle et rieur, qui faisait de lui un homme à la fois drôle, irrésistible et doté d'une confiance débordante – selon la plupart des femmes que Aya dut affronter –, Ichiro ne dérogeait jamais au principe qu'il s'était fixé durant son adolescence.

Un soir, alors que son père était en dernière année de lycée, ce dernier se rendait chez son meilleur ami, vêtu simplement d'un jean et d'un tee-shirt d'époque, le désignant comme un invisible. Habillé comme tel, il était un jeune homme auquel personne be retenait ne serait-ce que le nom ; mais cela ne le dérangeait pas plus que ça à l'époque. Une fois arrivé chez son ami, ils prirent quelques pintes avant de rejoindre le reste de leur bande, dans une discothèque.  Seulement à l'entrée, lui et son meilleur pote ne passèrent pas le videur. Repartant la queue entre les jambes, Ichiro regarda derrière son épaule les suivants qui, eux, franchirent l'étape des yeux jugeurs de l'homme payé à garder l'entrée de la boîte de nuit, sans mal. Les poings du terminale s'étaient serrés car, malgré la peine qu'il ressentait à l'instant, Ichiro fut contraint de reconnaître le refus du videur. Certes ceux qui entrèrent étaient juste en chemise, mais ils en jetaient, ils avaient un truc en plus.

Depuis ce jour, Keiji, j'ai compris que le charisme et la prestance étaient synonymes de portes ouvertes, concluait Ichiro, pour son fils, après deux ou trois verres.

Dès lors, Papa Akaashi déclarait qu'il avait construit son chemin vers l’avenir avec classe et style, ce qui valut la plus belle des femmes ainsi qu’un poste haut placé dans le monde du journalisme. Et pour ce fait, un minimum d’une heure de préparation dans la salle d’eau était nécessaire. Cette anecdote, Akaashi l'avait entendue des milliers de fois, mais n'en tirait aucune leçon. L'alcool embrouillait l'esprit de son père, au moment où celui-ci se lançait dans cette histoire.

Noce d'ArgentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant