Chapitre 15.2 - Parcourant les chemins, ceux de la résilience

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« Billy Allen, 22 mai 2039, 09h41, sur la route entre Idar-Oberstein et Kirn. Hier, Tanya a passé la soirée à tenter de me dissuader de les laisser tomber, elle et Joost. Elle a fini par me faire douter, suffisamment pour décaler mon départ.

Raclement de gorge.

Soupir.

— Il est finalement revenu, Joost, une heure avant que je lève le camp, alors qu'il faisait nuit noire, et il n'était pas seul.

...

— Je n'aurais jamais cru ça possible. D'ailleurs je n'en reviens toujours pas. Si ces enregistrements ne doivent servir qu'à une seule chose c'est bien à relater ce genre d'exploit. Non seulement Joost Van Andel est revenu avec l'intégralité de nos affaires, nos sacs ! Mais il s'est en plus permis de libérer trois allemands, deux femmes et un homme, qui venaient d'être fait prisonniers plus tôt dans la journée par nos racketteurs. Chose incroyable, il ne l'a pas fait par bonté de cœur, mais par souci logistique. Ne pouvant ramener seul toutes nos affaires, il s'est tout naturellement dit qu'il avait besoin d'aide. Mais nous n'étions pas au bout de nos surprises. Il a réussi à se faufiler là où le gang entreposait ses armes, uniquement pour récupérer la nôtre. Ne l'ayant pas trouvée, il s'est emparé du premier fusil venu avant de filer, sans rien y connaître en arme à feu. Mais le plus dingue, c'est qu'il s'est excusé.

...

— Il s'est d'abord excusé de nous avoir fait attendre, puis de ne pas avoir retrouvé mon fusil d'assaut, le mien je veux dire. Ce type est cinglé. Sans le savoir, il m'a ramené bien mieux que le vieux HK G36 rafistolé de Tanya, il m'a ramené une Kalachnikov AK-12 de l'armée russe, avec un chargeur presque plein. Non seulement elle est en meilleur état, mais en plus d'être d'une fiabilité remarquable, ses munitions de 5,45 russe devraient être plus faciles à trouver sur les anciens champs de bataille.

...

— Les réjouissances ont été de courte durée, car il fallait immédiatement reprendre la route avant d'être poursuivis. Les trois allemands sont venus avec nous. Je ne sais pas encore ce que nous allons faire d'eux. Billy Allen, Terminé. »



« Billy Allen, 23 mai 2039, 11h10, route 41 près de Kirn. Depuis que nous avons quitté Idar-Oberstein, nous traversons les restes d'un champ de bataille qui n'en finit pas. Les combats ont eu lieu tout le long de la route 41 et de ses environs, laissant derrière eux d'innombrables cratères, des épaves de véhicules, civils comme militaires, et des carcasses de drones de combat, volants ou roulants. Ces vestiges symbolisent bien la guerre de mouvement poussée à son paroxysme durant ce conflit. L'incroyable vitesse à laquelle se déplaçait le front n'a pas laissé le temps aux armées de ramasser tous les corps, particulièrement ici en tout cas. Il n'est pas rare de trouver des cadavres desséchés dont la décomposition a été ralentie par le froid des longs mois d'hiver. Si ça répugne les autres, ils ont bien été obligés d'admettre que fouiller au milieu des corps et des débris pouvait s'avérer payant, surtout lorsque j'ai ramené un pistolet avec ses munitions. Je l'avais d'abord proposé à Joost, mais il a catégoriquement refusé. Alors je l'ai donné à Tanya.

Raclement de gorge.

— Les anciens champs de bataille recèlent de trésors, pour peu que l'on ne rechigne pas à les explorer et à se salir les mains.

...

— En plus d'un deuxième pistolet et de quelques lames, nous avons trouvé des boîtes de conserve et des rations militaires, ainsi que des vestes et des sacs à dos pour nos trois compagnons.

Chroniques des Terres enclavées - Émergence partie 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant