Tandis qu'elle pense mener Josh par le bout des doigts, April se rend rapidement compte que la seule personne à faillir dans leur histoire, c'est elle. Elle, et personne d'autre. Sa petite comédie de midinette n'a donc plus aucun intérêt auprès de lui. Cependant, lui est-il permis d'en ressortir indemne lorsque tout ce qu'elle a fait, ce n'était que jouer avec ses sentiments ? Les méchants finissent toujours par en payer le prix, quelques soient leurs actes. Et la jeune April n'y fait pas exception. Comment faire lorsqu'un mal se transforme en un bien, pour tout aussitôt retourner dans les bras aiguisés de la douleur ? Elle en a fait l'expérience et en garde des souvenirs autant agréables que douloureux, faute d'avoir été trop mauvaise à ce jeu. Mais ne dit-on pas, après-tout, que les mauvaises personnes nous apprennent les plus grandes leçons de vies ?

Lorsqu'on lui dit qu'elle s'appelle Isy, elle se contente d'acquiescer comme un automate. Lorsqu'on lui apprend qu'elle a 17 ans, elle se satisfait de son reflet dans le miroir. Lorsqu'on lui révèle son passé, elle écoute sagement, tel une enfant. Mais dès lors qu'on lui dicte sa conduite, les choses changent en elle. Soudain, tout lui parait différent. De ses fréquentations conseillées, jusqu'à sa personnalité si étrange, elle se demande si elle n'a pas simplement été l'objet d'une manipulation grotesque, un jeu dans lequel elle ne serait qu'une vulgaire marionnette. Elle aimerait se souvenir. De tout. Mais non. Elle a tout oublié. Et aujourd'hui, il ne lui reste qu'à tout refaire. Tout reconstruire et faire mine de se rappeler leurs visages, alors même qu'elle ne supporte plus ses troubles de la mémoire. Quelques bribes de souvenirs centrés sur des malentendus stupides, certaines hésitations infondées ... C'est sur ces points que la vie d'Isy est basée. Oui, depuis son réveil, son existence n'est que le pâle reflet de ce qu'on lui raconte. Mais si elle n'était pas celle qu'on voulait qu'elle soit ?

Six mois. Vingt-quatre semaines. Six mois que j'ai fui, vingt-quatre semaines que je suis loin de mon ancien chez moi. Six mois que je les ai abandonnés, laissés seuls là -bas. Vingt-quatre semaines que le sort de mon âme s'est scellé. Six mois. Vingt-quatre semaines. Six mois que la douleur me ronge, vingt-quatre semaines que je suis seule et livrée à moi-même. Six mois que je suis une créature de la nuit. 2014