je n'ai jamais rien admis de plus familier que la solitude. j'ai toujours voulu écrire dans des journaux, des carnets de bords ou des mémoires : je ne suis qu'une enfant, une enfant dont les mots ne marquent pas les mémoires, enfin. je les écrivais pour moi : à quoi bon? les mots couchés sur le papier verraient leur encre s'effacer avant qu'une main se pose sur ces cahiers. jeune adolescente évincée, j'ai toujours essayé d'hausser un peu plus ls voix, personne ne m'entends. mon handicap m'a éloignée de la vie adolescente et je n'ai jamais connu les premiers amours, les potins de lycée, les amitiés sur fin de trahison, ou encore les rencontres éphémères qui marquent pour la vie entière. alors ici j'écris ; qui sait si quelqu'un me lit? si tu me lis, lecteur, chez voyageur de mes pensées intimes : je te souhaite la bienvenue dans le cœur d'une jeune fille qui se contente de pouvoir observer la condition humaine dans sa pure simplicité quotidienne. un point de vue strictement spectateur du monde, comme si j'étais entourée de vitres de cristal qui m'empêchaient poétiquement d'accéder au monde.