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Je m'appelle Aïssatou Sarr, mais tout le monde m'appelle Aïcha. Je n'ai jamais compris pourquoi les gens trouvent mon prénom difficile à prononcer. Pourtant, il est simple, non ? Peut-être que je suis comme mon prénom : un peu effacée, un peu invisible.
J'ai 17 ans, et je vis à Mbour, dans une maison modeste mais pleine de vie. Quand on vit dans une ville comme celle-ci, tout semble tourner autour des traditions, des obligations, et des attentes. Être une fille ici, c'est comme avoir un manuel invisible que tout le monde a lu sauf toi. Tu dois respecter les règles, suivre les chemins tracés... mais moi, je veux autre chose.
Je suis la fille aînée d'une mère qui travaille dur pour nous offrir une vie meilleure. Elle gère un petit restaurant au coin de la rue, et parfois, je l'aide à servir les clients. Mon petit frère, Ibrahima, lui, est encore un enfant, insouciant et toujours collé à moi. Mais moi, je suis à un âge où on attend de moi des décisions sérieuses : études, carrière, mariage... Tout le monde semble savoir ce que je devrais faire, sauf moi.
Enfin, ce n'est pas tout à fait vrai. Moi, je sais ce que je veux : écrire. Mais écrire, ici, c'est un rêve qu'on ne dit pas à voix haute. Parce qu'écrire, ça ne paie pas les factures, ça ne nourrit pas une famille. Pourtant, c'est ce qui me fait vibrer.
Depuis que je suis petite, j'ai toujours eu un carnet avec moi. J'y écris tout : mes pensées, mes rêves, des histoires. Je crois que c'est ma façon de parler au monde, de dire ce que je n'ose pas dire à voix haute. Mes mots sont mon refuge, mon espace à moi.
Mais parfois, je me demande : est-ce que mes mots suffiront ? Est-ce que je peux vraiment devenir quelqu'un, moi, Aïcha Sarr, une fille ordinaire dans une ville ordinaire ?
Cette année, c'est ma dernière au lycée Blaise Senghor. La terminale. On dit que c'est l'année des décisions, des choix cruciaux, et des moments qui marquent une vie. Moi, je ne sais pas encore