ManonVicente
Rosalie, jeune fille ramdom, rongée par un passé qu'elle s'efforçait d'oublier, vivait dans une bulle qu'elle s'était construite pour survivre. Une bulle de silence et de contrôle, où rien ne pouvait l'atteindre. Derrière ses yeux d'un bleu glacé, mille secrets sommeillaient, autant de blessures que de promesses. Le moindre éclat de lumière sur l'eau ravivait des souvenirs qu'elle tentait d'enfouir : un cri, une porte claquée, l'eau glacée et cætera.
Dès leur première rencontre au sein du club de natation, le courant ne passe pas. Maxime la provoque, elle riposte. Chacun de leurs échanges est une joute silencieuse, un affrontement de regards et de fierté. Le bruit sec du plongeon, le frottement des bonnets en silicone, l'odeur piquante du chlore : tout devient champ de bataille. Dans le bassin, ils se livrent une guerre froide, millimétrée, où chaque centième de seconde devient un enjeu, un moyen de prendre l'ascendant sur l'autre.
Mais à force de se confronter, ils apprennent à se voir autrement. Derrière l'arrogance de Maxime, Rosalie devine des failles : des parents absents, des exigences étouffantes, ce besoin de prouver qu'il existe. Et sous son armure de glace, lui perçoit une douleur qu'il cache soigneusement - celle d'une trahison, d'une confiance brisée trop tôt, peut-être par quelqu'un qui aurait dû la protéger.
Ce qui les séparait pourrait bien être ce qui finit par les unir.
Entre compétition, rancunes et regards volés au bord du bassin, l'amour s'invite là où ni l'un ni l'autre ne l'attendait. Mais aimer, pour Rosalie, n'était pas simple. C'était ouvrir des portes qu'elle avait scellées depuis trop longtemps. Son passé n'était pas qu'un souvenir - c'était une ombre, une voix dans sa tête, un frisson sur sa peau chaque fois qu'elle fermait les yeux. Et cette ombre menaçait d'engloutir tout ce qu'elle essayait de reconstruire