On naît. On grandit. On planifie notre vie. On rêve, on s'amuse. On banalise tout. On croit avoir le contrôle, croire qu'on saura toujours distinguer le raisonnable du dangereux. Nafissatou aussi pensait comme ça. Une vie droite, sans faille. Tout était bien rangé : une éducation solide, un avenir tracé, aucun excès, aucun chaos. Rien ne débordait. Puis il est arrivé. Un homme qui ne se présentait pas. Il imposait. Une présence brute. Un regard qui transperce, une voix grave, lente, pleine d'assurance. Il ne demandait rien, il prenait. Tout en lui appelait l'instinct : la manière dont il bougeait, dont il regardait, dont il souriait avec ce calme prédateur. Un mâle alpha. Et Nafissatou a cédé. Lentement. Sans s'en rendre compte. Il n'avait rien fait, pourtant. Juste existé devant elle. Il est entré dans sa tête comme une pensée qu'on n'arrive plus à faire taire. Il est devenu un repère, un poison, un feu. Elle se surprenait à attendre un message, un geste, un regard. À se plier à ce que lui décidait, même en silence. Ce n'était pas de l'amour. Ce n'était pas un sentiment banale. C'était lui. Il avait tout inversé en elle. Ce qu'elle appelait « obsession » était déjà bien trop doux pour ce que c'était devenu. Puis... Nafissatou a cessé d'exister en dehors de lui. Elle était entièrement dépendante de sa présence, de ses humeurs, de sa volonté. Elle n'existait plus que pour lui, par lui, autour de lui. Et elle ne savait même pas si elle voulait s'en sortir. Parce que quelque chose en elle... l'aimait encore. Même dans la destruction. Même dans la perte de soi.

Qui a dit que l'amour, le vrai, n'existait pas ? Qui a osé prétendre que l'amour sain était un mythe, une illusion réservée aux livres et aux films ? Peut-être ceux qui n'ont jamais croisé la bonne âme au bon moment. Est-il possible que deux regards se rencontrent, que le monde s'arrête, et que sans un mot, quelque chose naisse ? Est-il possible que deux cœurs, qui n'avaient rien prévu, se trouvent comme si une ancienne promesse les rappelait l'un à l'autre ? Oui. Cela arrive. Parfois, Dieu orchestre une rencontre avec tant de douceur qu'on en oublie que le hasard n'existe pas. Elle viendra avec sa force, son ambition, ses rêves trop grands pour les esprits limités. Lui viendra avec sa patience, sa droiture, son amour silencieux mais inébranlable, celui qui ne fait pas de bruit, mais qui... rassure, protège, construit. On dit que certaines rencontres sont des ponts tendus par le destin. La leur... sera une évidence que même le temps ne pourra effacer. Lui le patron et Elle, l'employée. Leur histoire promet. Ahmed Sow et Maïmouna Keïta