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La Fabrique d'un Roi raconte l'histoire d'un tournage hors du temps, où un réalisateur visionnaire entreprend de ressusciter la splendeur, les ombres et les violences du XVIIᵉ siècle. Pour redonner vie à l'ascension et à la chute de Jean-Baptiste Lully, il convoque un orchestre baroque furieux d'exactitude, des danseurs sculptés par la chorégraphe Béatrice Massin, et un trio d'acteurs dont l'intensité bouleverse le plateau.
Au cœur du roman, deux figures s'imposent :
Boris Terral, qui s'abandonne à la fièvre d'un Lully incandescent, et
Benoît Magimel, qui incarne un Louis XIV en clair-obscur, magistral et fragile tout à la fois.
Entre eux naît une relation profonde, faite d'admiration, d'échanges silencieux, de tensions, et parfois de blessures partagées. Toujours en retrait mais essentiel, Tchéky Karyo se glisse dans la peau d'un Molière qu'il n'avait jamais voulu jouer, trouvant dans ce refus initial la vérité d'un homme usé par le théâtre et par la vie.
Le roman montre l'envers du décor :
la construction des palais de carton-pâte, la sueur des répétitions, la précision presque militaire des musiciens sous la direction d'un Goebel exigeant, le travail patient des costumiers et maquilleurs. Il explore les doutes, les colères, les moments de grâce et d'épuisement qui tissent un film.
Chaque grande scène - les Folies d'Espagne, la canne de Lully, la guérison du Roi, le dernier sacrement - est reconstruite depuis l'intérieur, entre réalité des acteurs et vertige de leurs personnages. Peu à peu, les frontières s'estompent : Boris ne danse plus comme Lully, il danse pour lui ; Benoît ne joue plus le Roi, il porte sa solitude ; Tchéky ne joue pas seulement Molière, il vit son dernier souffle.
Au fil des pages, le tournage devient un espace où l'art transforme ceux qui le servent. Quand les caméras s'éteignent, chacun quitte Versailles en emportant un fragment de l'autre siècle, une poussière d'or qui ne s'effacera jama