Doufali
- Je sais que tu es blessée. Que tu as été trahie. Et que ce qu'il t'a fait est impardonnable. Mais... est-ce que tu vas vraiment lui laisser la victoire ? Est-ce que tu vas abandonner cette maison, ce foyer, à cette autre femme ? Tu sais très bien que cette maison... c'est toi qui l'as construite. Pas elle. C'est ton travail, ta patience, tes sacrifices. C'est ton droit. Ton dû.
Elle marqua une pause, la voix plus douce.
- Tu es sa femme légitime. Tu es celle qui a tout vécu avec lui. Tu es celle que nous avons bénie, honorée, reçue. Et maintenant, parce qu'il a fauté, tu vas laisser une autre femme prendre ta place ? Gagner, comme ça ?
Fatou releva la tête, enfin. Son regard brillait d'une colère muette.
- Et moi alors, maman ? Moi dans tout ça ? Où est ma place dans cette histoire ? Est-ce que je suis une terre à partager ? Un prix à disputer ? Où est ma dignité ? Mon respect de moi-même ?
Mariama serra les lèvres, attristée.
- Ma fille, tu sais comment sont les mariages ici. Depuis Mathusalem, les foyers sénégalais sont faits de patience. D'endurance. De larmes étouffées. Ce n'est pas nouveau. Ce n'est pas juste, mais c'est comme ça. C'est l'endurance qui garde une femme mariée. Pas la colère. Pas les décisions hâtives.
Fatou secoua la tête, les yeux pleins de larmes.
- Mais pourquoi toujours nous, maman ? Pourquoi toujours les femmes ?
À ce moment, la porte s'ouvrit sans prévenir. Daba entra, une bouteille d'eau à la main. Elle s'arrêta net, entendant les derniers mots.
- Parce qu'on nous a dressées à ça. À accepter. À encaisser. À survivre au lieu de vivre.