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『 Mon regard s'accroche au sien pendant ce qui semble être une éternité. Une éternité pendant laquelle, du coin de l'œil, je peux voir le sang - son sang - dilué à l'eau disparaître sous la bonde du lavabo. « Laisse-moi désinfecter ça, » soupire-il d'une voix si grave et si basse qu'elle vibre à travers les quatre murs de la petite salle de bain tout en résonnant comme un murmure lointain. D'une main nettoyée de son sang mais pas encore bandée, il ouvre la minuscule armoire à pharmacie au dessus du lavabo et brise ainsi le contact visuel qui commençait à devenir pesant. Je ne bouge pas. [Je ] laisse mon regard se perdre sur le carrelage à mes pieds, sur les dessins enfantins gravés ici et là sur des murs d'un blanc passé puis - comme si une fois ne m'avait pas suffit - sur le mot encré sur la nuque découverte du brun qui, toujours dos à moi, rattache la partie haute de ses mèches mouillées en une demi-queue : Slut. 』 April Jules, 19 ans, déscolarisée d'une université de bourges de NYC et dites de « mentalement instable », ne fait plus qu'une chose : se lever le matin sans vraiment espérer se recoucher le soir. Le soir, la bile noir qui reste coincée tout au long de la journée au fond de sa gorge l'empêche de fermer l'œil et menace de sortir sous la forme d'une rage qu'elle s'efforce d'endormir. Et cette rage, elle la retrouve à LA, à environ 4 000 km des gratte-ciels de New-York, chez ce mannequin au regard aussi éteint qu'elle mais au cœur rempli de haine. ______________ DISCLAIMER : Cette histoire aborde des sujets importants pouvant gêner le lecteur.