Cinq mots. Juste cinq mots écrits au stylo noir sur la première page d'un cahier.

《J'ai toujours haï les lettres, mais puisque que tu m'en as écrite une, chère Elyiase, il serait fort malpoli de ma part de n'y pas répondre. C'est comme ça que ça marche, non ? J'ai toujours haï les lettres, mais je profite de celle-ci pour te dire, avec toute mon affection, que tu es une abrutie finie.》

Icare riait alors qu'il tombait. 𝘐𝘯𝘴𝘱𝘪𝘳𝘦́ 𝘥𝘶 𝘱𝘰𝘴𝘵 𝘛𝘶𝘮𝘣𝘭𝘳 "Icarus laughed as he fell", 𝘱𝘢𝘳 @𝘸𝘦𝘢𝘳e𝘢𝘭𝘴𝘰𝘣𝘰𝘢𝘵𝘴. 𝘓𝘦 𝘧𝘢𝘯𝘢𝘳𝘵 𝘥𝘦 𝘭𝘢 𝘤𝘰𝘶𝘷𝘦𝘳𝘵𝘶𝘳𝘦 𝘯𝘦 𝘮'𝘢𝘱𝘱𝘢𝘳𝘵𝘪𝘦𝘯𝘵 𝘱𝘢𝘴 𝘯𝘰𝘯 𝘱𝘭𝘶𝘴 .

Noah se sent bien. C'est assez rare pour lui, peut-être est-ce le cas de tous les jeunes de seize ou dix-sept ans. "L'adolescence est toujours un drame", comme dirait l'autre. Peut-être que c'est vrai. Peut-être pas. Et au fond, Noah ne le saura jamais. Car on ne vit jamais que sa vie, et notre vie, elle est quand même vachement limitée. Surtout quand on a l'impression qu'elle ne nous sied pas, comme un vêtement trop petit, dans lequel on étouffe et qu'on ne peut pas enlever. Mais Noah ne pense pas à sa vie, son apparence, ses sentiments, relations aux autres, à sa famille, à son "vêtement trop petit". Il ne pense pas. Les yeux brillants, il se contente de regarder le ciel plein d'étoiles, en se disant que lui aussi, il aimerait briller dans l'empyrée nocturne.

Je t'aime. Je t'aime depuis le premier regard que j'ai jeté sur toi, où j'avais été traversée par ce grand frisson que je ressens toujours dès que je pense à toi. Alors mon amour pour toi me parut une évidence. Je t'aimais déjà avant. Je t'aimais avec de te connaître. Je t'aimais dès mon premier cri. Je ne sais pas comment cela est possible. Ne me demande pas comment je le sais, ce genre de choses ne s'explique pas. Je crois que tu es le mieux placé pour le savoir, car je ne doute pas que tu le sens, toi aussi. Que tu le sais. Je t'aimerais jusqu'à mon dernier souffle, qui ne sera autre que ton prénom. Je sais que c'est une folie. Que mes propos sont tout à fait insensés, inintelligible pour tout autre que toi. Mais je m'en moque des autres, car en eux, je n'ai jamais fait que te chercher, et qu'une fois que je t'avais trouvé, ils cessèrent d'exister à mes yeux. Je t'aime, tu m'aimes. Mais tu en as autant conscience que moi : tu es de la poudre à canon, moi une étincelle. Notre amour est comme un feu d'artifice : scintillant, explosif et bref. Jamais il ne pourra en être autrement de nous.

Artemisia Tedeschi avait tout pour réussir : l'énergie, le bagou, le carnet d'adresse. Peut-être pas le talent - m'enfin, quand une foule de noms célèbres crient au génie devant tes toiles, qui oserait douter que tu en aies ? Ainsi, à vingt-sept ans seulement, elle se retrouve exposée dans les plus grands musées, au sommet d'une fortune insolente, assez lourde pour ensevelir tout soupçon de culpabilité. Jusqu'à ce que le regard perçant d'un admirateur ne la déterre. Crédit couverture : Autoportrait en allégorie de la peinture, Artemisia Gentileschi, 1639. Dédicace spéciale à @winestained_moon qui a été le premier à avoir accès à cette histoire.