romeosurmer
Comme chaque soir après une longue journée, je rejoins la gare de Cannes pour rentrer à Draguignan. Fumant une dernière cigarette avant de monter dans le train , je croise le chemin d'un vieillard, si faible. Il peinait à marcher, mais a trouvé la force d'aller vers moi. Il me demanda si je n'avais pas de quoi le faire survivre. Je n'avais rien de matériel, alors j'ai voulu lui offrir des paroles en lui souhaitant tout le courage du monde. Sa réponse était si belle, pourtant si simple. ''Vous savez, à quatre-vingt-deux ans il en faut du courage, alors je vous remercie pour votre bienveillance''.
Si j'avais pu, je lui aurais tout donné, mais je n'avais pas plus que lui. La seule différence est que pour moi, tout reste à construire et que pour lui, tout reste à perdre. L'unique chose que je pouvais lui transmettre était de l'amour, frais, celui d'un jeune homme au chemin qui reste à tracer. Il n'y a rien de pire qu'un vieillard qui a peur de mourir.
Je me suis toujours senti mieux accompagné par des vieux que par des gens de mon âge. Je suis une page vierge, alors m'entourer de vieux livres pleins de philosophie me réconforte, me fait grandir. Me fait réaliser l'ascétisme et la corruption du monde, ce qui fait toute sa beauté. Après une longue discussion entre un patriarche et un cadet, je refuse de voir la noirceur.
Je préfère me satisfaire de la présence d'un nourrisson plein d'émerveillement et de fraicheur, autant qu'un vieillard d'une profonde sagesse. Les deux peuvent paraître opposés, mais je refuse de croire aux antipodes. D'une sagesse dépouillée, à une simplicité qui rejoint celle des nourrissons. Ils ne sont finalement pas si différents. Je dirais simplement, le fruit d'une amitié noyée par une bonté sans égards.
La vie n'est rien plus qu'un bref passage. L'âge est simplement un chemin vers la vérité, loin des illusions. Vieillir c'est retrouver la pureté que l'on croyait égarée.