Démons du passé, démons vengeurs, démons n'ayant aucune face, démons juges. Il les vit qui escortait la mort. La mort dans ses habits de voyages, noire comme cette sale nuit. Noire comme son âme qui était en train de se putréfier lentement dans la dépouille ambulante qu'était devenu son corps. Elle venait le chercher et lui, il fuyait. Il regrette de les avoir écoutés, il regrette d'avoir été la main du mal. Et puis comment pouvait-il savoir, comment pouvait-il faire le tri quand durant toutes ses nuits, il rêvait de l'or, de l'argent, de la vie insouciante et égoïste des riches ?
Il courait dans la nuit noire, ses guenilles aux vents, son corps lacéré de longues striures rouges, séquelle de griffe des démons lancés à ses trousses. Il courait tellement qu'il volait presque. Il fallait trouver refuge, il fallait se terrer au plus vite. Il sentait déjà leurs regards de feu, il sentait qu'ils le rattrapaient. Puis, dans l'obscurité énervante d'une nuit aveuglante, sans repères, il entendit le cri d'un rapace qui fondit sur sa silhouette. Rapide comme l'éclair. L'instant d'après, une douleur à nulle autre pareille lui zigzaguait le dos en des trainées rouges, flamboyantes. Il trébucha en tombant dans une mare boueuse. Il s'entortilla tellement la sensation de mal était vivace et insoutenable. Il se releva pour faire face entre les deux jarrettes d'un porc qui lui vida au visage le vidange de ses intestins de merde. Ils riaient, ces démons de malheur. La cacophonie de leurs voix sépulcrales lui emplit la tête au point de lui exploser la matière grise. Il se la prit entre les deux mains : «Allez-vous en ! Laissez-moi tranquille. Foutez-moi la paix.». Un mauvais cauchemar, oui, voila ce que c'était, un mauvais cauchemar. Il se dit qu'il allait réveiller et retrouver a ses cotés la douce Vava, son pognon et tous les biens qu'il avait acquis au prix d'un grand sacrifice. Il fallait qu'il la trouve cette putain de refuge.