J'ai cette terrible impression qu'à n'importe quel moment je pourrais hurler sans que personne ne m'entende. Que ça ne servirait à rien de se jeter par la fenêtre parce que ma vie est déjà faite de vide.
J'ai cette impression permanente que j'aurais beau chialer, balancer ces foutues chaises dans leurs sale gueule, frapper des murs; personne ne bougera. Certains me regarderaient l'air de dire "t'as fini ?" pendant que d'autres laisseraient des éclaboussures de rire dans mon cerveau.
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Je revois les paillettes noires et oranges, les sourires dans l'obscurité, les milliards de soleils s'allumer puis s'éteindre dans une mare de rire et de peinture. Je revois Clara et ses allures de pestes, son rire inonder mes oreilles et faire déborder mes yeux. Je revois la pluie s'abattre sur moi, et se dissiper lorsque je ne pleure plus. Je revois les bleus, les écorchures, les morceaux de terre dans ma bouche, je revois le verre brisé de mes lunettes, je revois les sourires dans les couloirs, les surnoms débiles, les jeux de mots stupides et la peinture dans mon casier. Je revois. Je revois aussi ses yeux amusés s'ouvrir et se fermer comme une paire de ciseaux dansant sur mon cœur.
Elle pensait être enfin libre, enfin heureuse. Elle avait quitté le monde dangereux auquel elle avait grandi pour mener une vie paisible loin de son père, mais au lieu de ça elle s'est retrouvée au mauvais endroit au mauvais moment. Elle avait essayé de sortir du monde dangereux qui l'avait piégée depuis son enfance, mais elle s'est retrouvée dans une situation encore plus dangereuse. Elle a dû faire face à un nouveau danger, un danger étrangement attirant.