En dépit des principes de liberté et d'égalité clamés à la face du monde, la Déclaration des droits de l'homme.., blanc.., n'aurait sans doute jamais conduit à l'abolition de l'esclavage, sans l'agitation qui s'empara de Saint-Domingue (l'actuelle République de Haïti) à l'annonce des troubles de la métropole.
Alors qu'éclate en France la Révolution de 1789, d'importants événements successifs troublent la partie occidentale et française de l'île. Ils se caractérisent par une radicalisation croissante : tentative autonomiste des "Grands-Blancs" (grands propriétaires terriens, principalement dans le Nord de l'île), révolte des libres de couleur revendiquant l'égalité des droits et, surtout, révoltes des esclaves noirs (débutée en août 1791).
En 1793, le pays brûle. Les guerres s'entrecroisent: les guerres, car à la guerre civile s'est ajoutée celle de l'extérieur avec l'Espagne et l'Angleterre. L'Espagne, maîtresse de la partie orientale de Saint-Domingue, attaque les positions françaises et essaie de s'infiltrer dans l'arrière-pays.
La situation évolue dans une folie tragique. Les Blancs, surtout ceux des villes, rejettent la loi du 4 avril et l'égalité politique; les Mulâtres l'invoquent à grands cris : on se bat. L'esclavage devient de plus en plus un mythe. Les Noirs, ou presque tous, ont cessé de travailler: certains, coalisés en bandes, sillonnent le pays ; d'autres, retranchés dans des camps, veillent l'arme à la main.
La société coloniale domingoise est en déliquescence. Santhonax ne perçoit qu'une solution. Il prend ses responsabilités. Le 29 août 1793, il abolit l'esclavage dans le Nord et proclame la liberté générale.
C'est à ce jour, le 29 août 1793, auquel s'attache précisément la pièce qui vous est proposée aujourd'hui.