Une quadruple mort causée par une double vie menée dans la discrétion.

Parmi nous, plus d'un est inconsciemment pris dans les filets invisibles du panneau adhésif qui, dans les actes et les discours, incite toujours à s'écarter progressivement de sa réalité quotidienne pour s'agripper sauvagement à une image illusoire et beaucoup plus captivante de "soi". Dans ce cas de figure précis, on finit souvent par s'illusionner soi-même et réaliser qu'on ne fait que se regarder dans un miroir qui affiche une image beaucoup plus correcte et flatteuse de soi et que, brusquement, le miroir se brise et on est le seul à être écorché par les fragments de verre éparpillés sur le sol de notre existence ou peut être qu'on fait souffrir ceux qu'on aime.

C'est comme sentir un besoin pressant et constant de procéder laborieusement, scrupule complètement mis à l'écart, à un vernissage impéccable du présent ou même d'une existence toute entière, simplement pour faire miroiter l'épouvantable visage rugueux, rabougri et livide d'une réalité colossale et plombée d'imperfection, majoritairement infligée par le cours aléatoire et injuste des évènements qui échappent le plus souvent à notre entendement limité ainsi qu'à notre simple contrôle de commun des mortels.