Souvent quand on me demande de me définir, j'ai du mal à m'expliquer. J'aime les femmes. Et pourtant beaucoup de mes (très courtes) relations ont été avec des hommes. Par dépit, par ennui, sinon pour la recherche introspective de moi-même. Quand je fréquentais des hommes, je devenais la Julia qu'ils espéraient, leur fantasme, ça me fatiguait. Cette facette que je devais toujours montrer de la femme sensuelle et muette me désolait. Je n'ai jamais pu être naturelle en leur compagnie. Alors que dans l'intimité, je suis plutôt douce timide et drôle. Dans la vie de tous les jours, je crois être simple et bosseuse. Depuis toujours, quand je vois deux femmes ensemble, dans un film, la rue, sur les bancs de l'université, je ressens ce qu'on appelle un peu mièvrement des papillons dans le ventre. Quand j'embrasse une fille, aussi. L'hétérosexualité, quant à elle, me donne aucun frisson. J'ai vécu deux longues histoires homosexuelles, de plusieurs années chacune, de vrai passage en forme de bloc dans ma vie, des tunnels dans lesquels je me sentais prise, enfin réelle. On m'a souvent définie comme bisexuelle. Je n'ai jamais aimé ce terme. Parce que pour moi, ça voulait dire voguer à mon envie entre homme et femme et avoir le même plaisir. Ce qui ne s'est jamais produit. Avec les hommes je cherchais la concurrence, la chasse. Avec les femmes, notre proximité, nos amours et ressemblances, la douceur et les mots. Non, je ne suis pas Bi. Je suis Queer. Et non ça n'est pas bizarre de penser ainsi. De vivre ainsi. Aujourd'hui, je me sens plus affirmée dans mon homosexualité, j'ai confiance en moi et en mes décisions. Parfois, j'ai l'impression de revivre mon coming out, mais avec plus de foi et hardiesse. Je vais vous raconter l'histoire de cette quête de soi, de ces perditions et résolutions. Il y aura Maro, Fanny, Raphaëlle, Moussa et Lorenzo. Et puis moi, avec mes rencontres, au milieu de ce joyeux bordel d'amour et de passion.
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