Une taffe. Deux. Pour calmer l'angoisse. Pour caler la faim. T'étais tellement belle, à tirer sur ta clope, les cheveux dans le vent et le nez dans la fumée. Tes yeux si spéciaux, je les voyais mal mais je les devinais décidés et perçants. Une troisième taffe. Tu m'as soufflé ta fumée au visage, t'as ri. Ton rire aussi était superbe. Pas autant que toi, c'est impossible. Je me suis surprise à vouloir fumer avec toi alors que j'avais toujours détesté ça. Tu m'en a empêchée. T'as dit qu'en plus de t'avoir pourri les poumons et la gorge, ça t'avais pourri la vie. Une quatrième taffe. Je savais que la peur de mourir grognait au creux de ta poitrine. Je savais que la peur que tu meure grognait au creux de la mienne. Tes baisers avaient un goût de cendres. Ils disaient avant qu'on ne l'accepte que ce qui nous embrasait s'était déjà éteint.