S'il y a bien un compositeur, dans le monde de la musique dite classique, dont la vie et le processus créatif furent totalement hors normes, c'est bien le pionnier américain Charles Ives (1874-1954), icône nationale aux Etats-Unis et pourtant encore relativement peu connu du grand public européen. Pas assez académique, peut-être. Trop déroutant ? Sans doute. Pourtant, ce gentleman de la Nouvelle-Angleterre inventa un langage fondamentalement novateur, réussissant le grand écart entre héritage européen, patrimoine populaire américain et langage personnel d'une originalité sans précédent. Ives représente ainsi un tournant dans la musique nord-américaine, qui peut dès lors s'émanciper du poids très lourd de la tradition européenne, dont même les compositeurs des Première et Seconde écoles de Nouvelle-Angleterre (tels que Edward MacDowell ou Amy Beach) auront bien du mal à s'éloigner. Ainsi, aux XXème et XXIème siècles, nombreux sont les grands noms de la musique américaine qui suivront dans la trace de Charles Ives et lui seront infiniment reconnaissants : Aaron Copland, Elliott Carter, John Adams ou encore George Antheil, pour n'en citer que quelques-uns. J'avais à cœur de raconter l'histoire remarquable de cet homme excentrique et classique à la fois, « compositeur du dimanche » exceptionnellement doué et très peu orthodoxe qui, de son vivant, bâtira une fortune considérable dans les affaires, avant de devenir après sa mort un symbole de la liberté créative américaine.
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