Au Cameroun le sexe est devenu monnaie courante. Je veux dire la monnaie d'échange dans les rapports quotidiens. Pour manger, pour travailler, pour vivre en vrai, il faut faire recours au piment. Au Cameroun, le piment est utilisé pour parler des activités autour du ventre et du bas ventre, la sexualité dans le sens le plus banal et le plus marchant du mot. A l'école, à l'église, à la maison, au travail, le piment, le sexe, est au coeur de tout. Aussi bien que la devise de notre société devient: manger, boire et faire dans le sens de faire l'amour. Dans tous les carrefours des grandes villes, on rencontre toujours des lieux où on mange un peu de tout accompagné du piment cette fois-ci de l'épice, où on boit assez de bières et à toujours accompagné des filles. A côté de ces lieux de la dépense du corps, il y a toujours un endroit noir, dans le sombre, alerté par une ampoule rouge, où on consomme le piment cette fois-ci le sexe dans son expression la plus sauvage. A 14 ans, par souci de gloire sur les réseaux sociaux ou par manque de pain à manger, les jeunes filles vendent le piment. Donc leur sexe. Même dans le foyer, la pimeterie est si présente et oppressante.