[Anciennement : Nous danserons sur les barricades]
Paris scintille, Paris brille, Paris illumine...
En cette année 1830, au cœur de la plus belle ville du monde, Aurore d'Abadie de Bastanès s'enflamme avec sa génération. Les romantiques déchaînent les passions, sèment le vent et récoltent les tempêtes avec délices ; ces mêmes bouleversements qui résonnent puissamment dans l'esprit de la jeune fille.
A vingt ans, elle n'a qu'un rêve : vivre, enfin ! Derrière l'image si parfaite que l'on attend d'elle, c'est toutes les aspirations d'un monde nouveau qui palpitent. Et si plane sur son futur l'ombre angoissante d'un mariage qu'on lui impose, rien ne la détournera de cette passion qu'elle veut vivre, qu'elle doit vivre, poussée par l'ardeur de son temps. Mais dans cet univers tout neuf, rongé par le mal du siècle, les serments les plus ardents se changent vite en braises, et l'amour est d'autant plus fort qu'il est éphémère.
Paris s'embrase, Paris brûle et plonge bientôt dans la tourmente révolutionnaire. Perdue au milieu d'un peuple qui soulève, entre les canons et les barricades, quelle place pour cette muse délicate des salons parisiens ? Ne se serait-elle enflammée que pour s'éteindre brusquement sur les pavés de la capitale ?
Le vent glacial du Nord soufflait avec violence sur le grand fjord, soulevant les vagues sombres qui venaient s'écraser contre les falaises acérées. Là, sur la colline surplombant le village, un homme se tenait droit, impassible. Un guerrier. Un chef. Un Jarl.
Sven Harekson était un nom redouté bien au-delà des mers du Nord. Un nom qui résonnait dans les chants des scaldes et dans les prières terrifiées de ceux qui avaient croisé son chemin. Il était le loup du Nord, un conquérant dont la hache avait mis fin à d'innombrables vies. Grand, imposant, son corps sculpté par des années de combat, il portait les marques de ses victoires et de ses batailles. Ses yeux, d'un bleu glacial, reflétaient la froideur d'un homme qui ne connaissait ni la pitié ni le remords.
Ses raids avaient ravagé des terres lointaines. Il avait vu des villes brûler sous son regard, entendu le cri des vaincus et senti l'odeur du sang mêlée à celle de la mer. Et pourtant, malgré toute sa gloire, malgré les richesses qu'il amassait et les festins qui l'attendaient à chaque retour, il ne ressentait rien. Juste un vide, un gouffre qu'aucune victoire ne semblait pouvoir combler.