Il est seize heures, et le soleil se couche déjà sur New York, baignant la ville d'une lumière nostalgique qui filerait le cafard à n'importe quel plouc sentimentaliste. Moi ? Non, aucun risque. Je suis bien trop occupé à checker les nouvelles recettes de cocktails du Blue Manhattan, l'un des bars les plus branchés de NY, sur mon téléphone. Ce que je fais dans la vie ? Disons que je suis... un privé particulier. Ou un particulier privé. Ou quelque chose qui s'en rapproche. Où me trouver ? Sur le dark web exclusivement. Nom de code : le Français. Patronyme réel : Malo Chérel, né à Paris il y a près de 30 ans. Immigré non clandestin aux States, où je vis depuis 25 ans. Mon surnom, je le dois à ça, et à un accent français abominable dont je ne parviens à me départir. Pas de ma faute, la bonne qui m'a élevé était également française. L'avantage, c'est que je suis bilingue, et binationalisé. De la France, je tiens ce goût pour la littérature (je suis un grand fan de polars) ; des States, ce goût de l'aventure (j'ai décidé de faire de ma vie un polar). Non, je devrais dire plutôt : des aventures. J'y peux rien, je suis un vrai queutard. Ça m'a posé problème quelques fois, car j'ai toujours la fâcheuse tendance à flasher sur mes victimes, et à descendre les commanditaires. Mais cette fois-ci, ce sera différent. Mon pote David McCain fait appel à moi pour pervertir un bisexuel au mariage malheureux. Facile ! Un jeu d'enfant ! Tout devrait bien se passer. À moins qu'on m'ait attiré dans un putain de piège.