La pimbêche mal fagotée

Voilà. On est mort. Bon, et après ? Aucun n'est fichu de nous le dire. Il paraît que personne n'en est jamais revenu. Revenu d'où ? S'il n'y avait rien derrière nos paupières fermées comme les volets décrépits d'une maison abandonnée, on ne dirait pas que personne n'en revient. On ne dirait pas non plus « il est parti ». Ou « elle s'en est allée ». On part bien quelque part ! On va bien quelque part ! Et si l'on part ou l'on s'en va, on peut bien revenir.
Ce que je vais vous raconter est étrange et si je n'étais pas en train de l'expérimenter, si vous me le relatiez, je ne vous croirais pas. J'ai bien du mal à me croire moi-même.
Quinze jours après les funérailles de Fidel, seule, irréparablement seule, je finis de remplir ma tasse de chocolat chaud avec l'eau de mes plaintes quand un bruit dans le garage me fait sursauter. Je ne me lève pas. Quelque chose a dû tomber. Ça ne tombera pas plus bas. Je continue à remplir ma tasse. À charrier mes pensées dans le passé. Un autre bruit, dans l'entrée cette fois, me ramène à la réalité. Je prends une casserole, m'approche de la porte sur la pointe des pieds. Personne. Et puis je l'entends...