3 parts Complete « Les nébuleuses, c'étaient des poings fermés de géants morts. »
C'est la première histoire que Phil a contée à Robin.
Robin est gardien.
Il veille sur les enclos d'un zoo abrité sous un dôme jupitérien, où les visiteurs continuent de venir rêver et chercher quelque chose.
Il observe. Il écoute. Il s'efface.
Ce qu'il guette, chaque jour, ce n'est pas la panne d'un module ou l'effondrement d'un protocole. C'est l'émotion dans les yeux de ceux qui passent. Ce tremblement bref, ce doute minuscule, c'est tout ce qui le retient ici.
A des milliards de kilomètres, Phil parcourt l'espace comme d'autres arpentent un souvenir.
Frère vivant, frère fuyant, il vole, pirate, respire là où Robin s'enracine. Chaque message qu'il envoie est une promesse d'évasion : un fragment de vent dans un monde étanche.
Et puis, un jour, un message. Codé. Cassé. Impossible à ignorer.
Aujourd'hui le conte se change en dette : Phil gît dans une chaise de programmation mentale, victime d'un Gardien convaincu que contrôler les rêves sauvera l'espèce. Robin ne pourra compter que sur un bras mécanique, un perroquet numérique et l'équipage le plus improbable de l'orbite.
Alors Robin bouge. Pour la première fois. Il quitte le périmètre. Il sort des routines. Il franchit la ligne rouge. Ce n'est pas un voyage. C'est une dérive. Un arrachement progressif à tout ce qui l'a tenu debout : ses principes, ses refuges, son inertie.
Dans les plis du dôme, dans les coulisses du système, quelque chose attend. Des êtres. Des fragments. Des souvenirs. Des anomalies.
Ceux qu'on laisse est un roman de science-fiction sensorielle, peuplé de silences, de regards et de zones grises. Une fable intérieure sur ce qu'on garde en soi quand tout semble vouloir s'effacer.