La Proie

Mains poisseuses et grossières. Convulsions virulentes. Odeur de sueur aigre. Goût amer, goût de fer. Cris muets. Farouche envie, délicieuse sensation, tendres caresses d'homme averti.
Lorsque tout Paris est bercé par la nuit, ténébreuse et hautaine, voilà que nos cœurs roulent sur des planches colorées, voilà que nos corps vibrent dans des danses exaltées. Sans tabous, sans secrets, nos âmes ébranlées s'unissent rien qu'une fraction de seconde. Et le bonheur m'inonde.

Toucher du bouts des doigts la joie, goûter au plaisir ultime de vivre, Lola n'en demande pas plus. Son bonheur réside dans des draps salis par la fébrilité des hommes, dans une chambre miteuse aux couleurs délavées. Chaque jour un peu plus, elle s'efforce de faire face, de se convaincre que tout ira mieux, que tout finira par s'arranger. Alors, la nuit, sans broncher, coupable d'animosité, elle affronte ses plus sinistres démons aux pieds de son brasier. Peut-être qu'un jour, qui sait, quelqu'un viendra la délivrer de sa prison de luxure et d'abois...