Le temps d'un rêve

Aussi loin que je m'en souvienne, j'ai toujours été dans les nuages. A rêver du prince charmant, à imaginer et à me créer des souvenirs et des moments parfaits, où rien de mal ne se passait jamais. Où la douleur n'existait pas et où tout le monde acceptait son prochain. Je n'étais pas habituée à avoir mal.
Mais je le savais, un jour, j'allais souffrir. J'allais avoir si mal que j'aurais eu l'impression que mes entrailles se déchiraient de l'intérieur.
C'est arrivé bien plus tôt que je ne le pensais. Des images de l'accident me revenaient sans cesse. Elles me hantaient, autant dans mes rêves que lorsque j'étais éveillée.
A partir de ce moment-là, j'ai su que rien n'allait jamais plus être la même chose : les gâteaux ne seraient plus aussi bons, le ciel ne serait plus aussi bleu et les oiseaux ne seraient plus aussi majestueux.
Mais j'ai tout repoussé, tout refusé, comme la petite fille de six ans que j'étais.
Et quand je l'ai rencontré, j'ai même cru que ce garçon allait pouvoir me faire oublier.