Journal d'Eduard Einstein (semi-biographique)

Eduard Einstein, fils d'Albert Einstein, interné pour schizophrénie à 21 ans.

L'histoire empruntera le point de vue d'Eduard, né en 1910 et mort en 1965. Les recherches, pour plus de véracité, sont en cours de développement.

1965 - 28 Juillet

Je ne pleure plus. Je ne pense plus. Mes discours et mes expressions, je les ai jadis maudits parce qu'ils faisaient de moi un fragile. Un faible. Aujourd'hui, je les réclame car il ne reste de moi qu'un impulsif, un dangereux, un violent... Plus homme qu'homme. Car désormais, mes actions précèdent mes paroles : celles de ma tête et celles de ma bouche. L'impulsivité me régit. Je suis responsable de ce qui a été fait avant même la conscience du geste. Mais je n'ai que faire de moisir dans cet asile aux baveux mornes qui reflètent mon absence mentale. Après tout, une image n'est pas une vie. Mon image n'est rien car elle n'est qu'une enveloppe extérieure et je suis sans frontière. Le monde est à moi. Je suis l'esprit saint, je suis partout, je suis inaltérable, je le jure. Le monde est à moi. Je le reconstruit d'un simple regard, bien que fort fuyant.

J'écrirai une lettre personnelle disant : Père, vous qui êtes la figure ultime, je ne comprend pas votre quête de reconnaissance. Vous ne comprenez pas ma quête de vérité. Voilà pourquoi vous m'avez abandonné ici. Mon père, vous êtes parti délaissant l'homme gisant dans sa crasse.

Je l'écrirai, puis, je la brûlerai pour me purifier de cette voix qui est la mienne.

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