Harlequin

L'obscurité avait recouvert le ciel. Le château semblait éteint, plongé dans la pénombre. Les dernières servantes encore debout traînaient des pieds jusqu'à leurs chambres, éreintées de leur journée. Après la dernière porte fermée, tout paraissait endormi. Seules les flammes qui crépitaient sur les torches trônant dans les couloirs témoignaient d'un semblant de vie. Les couleurs rougeâtres peignaient des ombres ondulantes sur les murs fait de pierres. La douce lumière s'amoindrissait laissant, au fil du temps, la place à la nuit et ses étoiles. Un vent lointain s'engouffra dans l'entrée faisant craquer le bois. Un vent glacial, en ce mois de Décembre. Il s'aventura dans les escaliers et monta dans les couloirs drainant dans son sillage les dernières petites étincelles portées par les flambeaux. De loin, n'importe quel voyageur aurait pu s'imaginer que le château royal était vide de toute âme, comme si le temps s'était arrêté entre ses murs. Seulement, dans un des recoins du château, derrière une tapisserie, un souffle se fit entendre. Imperceptible. Comme une respiration qu'on essayait de maîtriser. Un halètement presque inaudible. Une inspiration qui fit trembler l'air et fit repartir le sablier du temps.