Avant lui, j'ai toujours été persuadée de faire partie de la lumière, des gens droits et bons, malgré la vie ténébreuse que l'on m'avait imposée.
J'ai essayé, en vain, de ne pas sombrer dans le néant des abysses.
Les actes horribles que je commettais me tourmentait, inexorablement, mais je ne pouvais flancher.
Il me fallait garder la tête haute, peu importe les épreuves.
Et quand il décida de faire de moi sa proie, je n'avais d'autre choix que de me battre contre mes démons.
Il était omniprésent, toujours là, caché dans la pénombre, là où personne ne l'attendait.
« - Tu n'es pas aussi mauvais que tu prétends l'être.
- Si, crois-moi, tu es encore loin de me connaître. »
Je n'ai jamais cru aux cauchemars éveillés.
Je pensais que l'horreur avait des visages évidents : ceux des criminels, d'ombres qui vivent loin des gens comme moi, rangée, studieuse, future interne en médecine. Mais ce soir-là, tout a basculé.
J'avais trouvé un simple petit sachet blanc sous le lit de Charlie.
Ma petite sœur. Dix-sept ans. Trop jeune, trop fragile, trop belle pour ce monde.
Alors j'ai fait ce que toute grande sœur ferait.
Je suis partie le retrouver. Le responsable. Le dealer. Celui qui l'avait détruite.
Je voulais le dénoncer, appeler la police, lui faire payer.
Mais je ne savais pas que ce monde-là obéissait à d'autres règles.
Je ne savais pas qu'en allant le chercher, c'était moi qui allais me perdre.
Des larmes de sang, des roses sans épines, un corps sans molécules et une fin sans chapitre.
Dans mon monde, personne ne s'assemble, mais tout le monde se ressemble.