Nous avons tous une plaie béante dans la mémoire qui laisse une rivière de sang couler et que dans cette rivière, toutes nos énergies, nos forces, nos vies et nos paroles se noient. Nous avons tous une chaire vive dans la mémoire qui, de temps à autre, nous inflige une douleur au point d'alourdir nos paupières. C'est à ce moment que nous perdons de vue tout ce qui pourrait nous donner une raison de sourire. Nous avons tous un nom que le temps dépose sur les murs de notre mémoire et qui retient notre souffle chaque fois qu'on tente de le citer. Un nom écrit avec quelques lettres fragiles aussi tranchantes que la lame et les larmes méditerranéennes. Nous avons tous dans la mémoire une voix qui fout le désordre par son silence aiguë et persant. Une voix que nous avons trop envie d'entendre pour bercer une nuit épuisée de la lourdeur d'un souvenir trop ancien et d'une nuit interminable. Nous avons tous une histoire sans fin qui se termine. Nous avons tous une mémoire qui s'oublie devant le miroir. Nous avons tous une personne au centre de notre monde et que nous avons du mal à accepter que cette personne n'est pas le centre du monde. Une personne... Une absence... Cela fait encore plus mal quand nous savons que nous devons apprendre à vivre sans cette chaleur, ce sourire, ce regard, cette voix... Vivre sans, cette fois. Plus mal encore quand nous savons que ce n'est pas juste pour un soir, un mois, une année... Mais pendant toute une vie. © Rood Inley MICHEL 24/12/21All Rights Reserved
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