LOST DOLL

Le problème avec une poupée oubliée, c'est qu'elle n'appartient plus à personne. Derrière sa vitrine de verre, elle attend, figée dans un silence éternel. Délaissée, poussiéreuse, elle regarde le temps passer sans jamais espérer qu'on la prenne à nouveau entre ses mains.

Mais lui m'avait vue depuis longtemps. Convoité dès l'instant.

Petit garçon au visage maquillé d'une innocence feinte, masque placardé pour plaire aux plus anciens. Lui aussi était fait de morceaux. Un être rafistolé, marionnette forcée de danser sous le regard intéressé de ceux qui ne le quittaient jamais. Peut-être cherchait-il en moi une liberté qu'il ne possédait. Peut-être voulait-il prouver que, même brisée, une poupée pouvait encore se relever. Parce que ce garçon-là ne jouait pas. Il guettait. Avec la patience d'un chapardeur, il attendait le moment parfait pour briser le verre et s'emparer de ce qui restait de moi.

Quand il le fit, ce ne fut pas avec douceur, arrachant mes fils un à un. Il a fouillé dans mes coutures, exploré les secrets cousus à même ma chair. Sous ses mains intrusives, j'ai senti le verre se fendre, le silence se fissurer.

Parce que survivre, ce n'est pas vivre. Et parfois, il suffit d'un voleur aux mains expérimentée et aux blessures cachées pour redonner la vie à ce qui semblait condamné.

//Cette histoire reprend seulement les noms de personnes publiques du groupe Enhypen.\\