La Flûte de Pan
Que j'embouche solitaire ma flûte de Pan !
Me viennent les nymphes et naïades et Oréades,
Suivies des sylphides, néréides et dryades,
Pour écouter et danser sur mes orphiques chants !
Venez ! J'ai composé, si inspiré, des ballades,
Des odes, des sonnets les plus méliques,
Des romances et cantiques des cantiques,
Des madrigaux, des pastorales et sérénades,
Pour vous, ô mes divinités enchanteresses,
Qui charmiez moins des sons cacophoniques
De ma flûte et de ma voix moins pathétique,
Qui perçaient les champs, suscitant vos détresses.
Trônez-vous dans les montagnes et falaises,
Pour que je les déplace avec mes vers magiques ?
Ou retenues par des dieux des fleuves diaboliques,
Pour que mes mélodies vous tirent des malaises ?
Auriez-vous peur de ces fauves que j'ai domptés
Pour vous être une utile et aimable compagnie ?
Et de ces rapaces qui vous diront la bienvenue
Et se soumettront à servir votre majesté ?
Venez, ô divinités, entendre mes chants de cygne
Et les arias de ma flûte qui charma Midas !
Venez ! Je vous serai plus que l'aède de thrace,
Guéri de tout satyriasis, plus que de vous digne.
Folle fiole bombée, fit l'effet d'une bombe.
Ce jour elle est tombée, n'emportant dans la tombe
Des secrets plus doux que le murmure de rhombes...
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La fiole dont j'usais pour concocter mes poèmes s'est déversée trop vite, dévoilant son liquide, son humeur, son fiel, sa sève, sa mixture, sa texture, sa peinture. Je la veux rattraper, mais le monde l'obtient déjà... Cet incident explique un livre, deuxième recueil après le parfum de l'eau, car le flacon après soixante-quinze poèmes est vide.
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Ma verrerie ayant une capacité limitée, j'ai donc choisi une autre fiole après "le parfum de l'eau". J'y explorerai la rime unique, l'alexandrin, et j'en profiterai pour répertorier des expressions de mon pays fictif, Orminge.