La Flûte de Pan
Que j'embouche solitaire ma flûte de Pan !
Me viennent les nymphes et naïades et Oréades,
Suivies des sylphides, néréides et dryades,
Pour écouter et danser sur mes orphiques chants !
Venez ! J'ai composé, si inspiré, des ballades,
Des odes, des sonnets les plus méliques,
Des romances et cantiques des cantiques,
Des madrigaux, des pastorales et sérénades,
Pour vous, ô mes divinités enchanteresses,
Qui charmiez moins des sons cacophoniques
De ma flûte et de ma voix moins pathétique,
Qui perçaient les champs, suscitant vos détresses.
Trônez-vous dans les montagnes et falaises,
Pour que je les déplace avec mes vers magiques ?
Ou retenues par des dieux des fleuves diaboliques,
Pour que mes mélodies vous tirent des malaises ?
Auriez-vous peur de ces fauves que j'ai domptés
Pour vous être une utile et aimable compagnie ?
Et de ces rapaces qui vous diront la bienvenue
Et se soumettront à servir votre majesté ?
Venez, ô divinités, entendre mes chants de cygne
Et les arias de ma flûte qui charma Midas !
Venez ! Je vous serai plus que l'aède de thrace,
Guéri de tout satyriasis, plus que de vous digne.