Manuel, fils unique d'un couple de paysans, Délira et Bienaimé, revient dans son village de Fonds-Rouge, en Haïti, après quinze ans de dur labeur passés dans les plantations de canne à sucre à Cuba. À son retour, Manuel ne reconnaît plus sa terre natale adorée, où régnaient jadis l'abondance et la fraternité : la communauté des habitants est profondément divisée depuis un partage foncier qui a mal tourné ; le paysage a par ailleurs connu des mutations considérables et en apparence irréversibles. Le paradis perdu dont Manuel se souvient, la terre fertile que le coumbite, le travail collectif de la terre basé sur les notions de partage et d'entraide, permettait de cultiver harmonieusement, est à présent ravagée, déboisée, aride, et la rivalité entre les habitants a remplacé l'entente fraternelle d'antan. Manuel tombe amoureux d'Annaïse, une jeune paysanne rencontrée sur le chemin et appartenant au clan ennemi.
Fort de son expérience cubaine, dont il a tiré une grande habileté rhétorique et pratique, il s'impose peu à peu en tant que chef naturel de la communauté des habitants de Fonds-Rouge, et se fait l'artisan infatigable de la réconciliation. Prospectant sans relâche dans les alentours, il trouve la source qui permettra d'alimenter en eau tout le village, mais Gervasien, l'un des habitants du clan adverse crispé sur une rancune ancestrale et opposé à la réconciliation par l'eau, le poignarde à la fin du roman. Malgré cette mort tragique, les paysans mettent en place le dispositif d'irrigation qu'il avait imaginé, et Manuel devient le héros du renouveau de la communauté, un héros écologique dont Annaïse, enceinte de lui, perpétuera l'esprit et la mémoire. Roman de l'amour de la terre et du peuple noir, ode à la fraternité et éloge de l'héroïsme populaire, peuplé de nombreux personnages-symboles, Gouverneurs de la rosée est un grand classique de la littérature haïtienne..
« - Voici Titania. Elle sera la personne idéale pour votre requête. »
Une requête ? Mon cœur se remit à tambouriner dans ma poitrine sous le coup de l'angoisse. Qu'attendait-on de moi ? Le vieil homme s'avança vers moi, avant de m'intimer d'une voix douce :
« - Relevez-vous, Titania. »
Je m'exécutai, mais gardai les yeux modestement baissés. L'autre homme, brun et qui semblait être à peine plus âgé que moi, ne me quittait pas du regard. Je rougis encore plus tandis que l'homme en face de moi se présentait :
« - Je m'appelle Léandre, et voici Côme, dont je suis le précepteur. »
Le jeune homme s'inclina légèrement. Je balbutiai, intimidée comme jamais :
« - Enchantée, Messieurs.
- Il se trouve que j'ai fait appel à vous, car comme vous vous en apercevrez bientôt, Côme est malheureusement sourd depuis sa naissance. J'ai donc fait rechercher une jeune personne pour le distraire de ses moments de solitude. Et je n'accorde pas ma confiance aux jeunes hommes. Votre directeur m'a certifié que vous êtes la perle rare. »
A cet instant, connaissais-je la véritable identité de Côme? Non.
A cet instant, savais-je à quel point j'allais l'aimer? Non.
Et à cet instant, avais-je la moindre idée de la façon dont notre histoire allait se finir? Non.
#2 romans historiques
Merciiiiiii à tous !