Cette année aurait dû être la perfection de son existence. Celle de sa majorité, de son diplôme suivi de son départ à l'université mélangé aux soirées, à l'alcool et à ses amitiés tissées, bonnes ou mauvaises.
Ève avait toujours eu le contrôle entier de son monde comme s'il n'était que la continuité de son bras.
Elle avait toujours été cette peste des films pour ados dont tout leur réussissait. Aimée au comble du bonheur, admirée par ses professeurs, synonyme d'idéal pour les hommes. Vue comme parfaite. Et elle travaillait dur pour que ça lui continue.
Elle était prête à tout pour les garder près d'elle. Elle éliminait chaque obstacles : les femmes trop proches, trop belles, trop gentilles, trop remarquables à la façon d'une couleuvre. Son venin discret et puissant se diffusant au travers d'un sourire.
Normalement, tout aurait dû rester ainsi jusqu'à la fin de l'année et de sa vie.
Normalement, elle n'aurait jamais dû perdre le contrôle.
Normalement, son avenir était tracé comme le chemin d'un ruisseau jusqu'à l'océan.
Mais il se transforma en fleuve, impétueux et indomptable. La vie avait décidé de lui rendre les cauchemars qu'elle avait donnés.
Ce jour-là, quand une fille s'invita au milieu de l'année à rejoindre son lycée, quand ses meilleurs amis décidèrent d'exister loin d'elle, quand les âmes les plus tranquilles de sa vie commencèrent à hausser le ton au point de lui en crever les tympans.
Le contrôle lui glissait entre les mains comme les gouttelettes d'un torrent, le courant lui rongeant ses barrières.
Elle n'était plus le personnage principal de la série qu'elle écrivait mais l'infime particule d'un univers qui tournait sans elle.