La tyrannie des sirènes c'est celle lointaine de la violence du monde économique et du terrorisme dont l'écho vient troubler l'enfance et la vie au bord des eaux bretonnes de trois amis, Manon, Simon et Lucas et les séparer. Leurs destins se recroiseront, sans jamais vraiment se retrouver, jusqu'au déchirement, comme les autres personnages du roman qui viendront et disparaitront au gré des marées.
La tyrannie des sirènes c'est aussi l'opposition d'un milieu ouvrier et l'apprentissage d'une lutte pour l'égalité sociale, des chantiers navals aux ronds-points des gilets jaunes, jusqu'aux portes de l'Élysée, face à la grande bourgeoisie d'affaire et au milieu intellectuel et journalistique. C'est l'histoire d'un homme déraciné, Lucas, qui cherche à trouver sa voix, qui cherche une filiation, guidé par le chant dangereux des sirènes passant de l'enfance paisible à la rue, avant de se réinventer comme leader d'un mouvement social. C'est également l'histoire de Simon, l'ami d'enfance, tiraillé entre la richesse et la vie intellectuelle, et qui oublie la seconde pour embrasser la première, se coupant à jamais de lui-même, obnubilé par l'hypnotique et insidieuse voix des sirènes.
La tyrannie des sirènes, enfin, c'est le visage de Manon, musicienne, insoumise, c'est la quête de l'enfance et des jours plus heureux, qui s'impose aux personnages par la musique qui les constituent, par des mélodies qu'ils croyaient éteintes. Les réécouter, c'est reconstruire les souvenirs, c'est plonger dans l'introspection et retrouver le visage de Manon, tragiquement disparue, victime de la barbarie.