À l'époque de Victor Hugo, on l'appelait le mal du siècle. Baudelaire lui, l'appelait le spleen. Les musiciens quant à eux, l'appellaient le blues. D'autres préféraient à cela le terme de cafard, de chagrin, ou encore de mélancolie. Elizabeth, du haut de ses dix-sept printemps, ignorait tout à fait quel mot, quelle étiquette poser sur ce sentiment. Ce n'était pas faute d'avoir essayé : le mal du siècle figurait déjà dans plusieurs manuels d'histoire et de littérature, le spleen était un très bon recueil de poèmes, plus personne ne dansait sur aucun air de blues et le cafard n'était rien de plus qu'un insecte pénible. C'était ainsi que fonctionnait Elizabeth. Elle expérimentait d'abord, et elle nommait ensuite. L'amour, le deuil, l'amitié, la dépression, tout fonctionnait toujours ainsi. Mais Elizabeth n'était pas seule. Elizabeth avait Ethan près d'elle, pour lui nommer toutes ces choses de l'univers qu'elle méconnaissait. Ethan, l'homme du bar, l'écrivain, le professeur, l'ami, l'interdit. Ethan. (Version réécrite, 2023)