Il était coincé entre deux livres, dans un meuble au fond d'un grenier.
Il tenait dans la paume de la main et même si son apparence chétive semblait dire le contraire, ce livre avait l'air de pouvoir tenir debout sans s'effriter encore mille et une années, peut-être même plus, on ne sait jamais avec les contes.
L'odeur de papier jauni qui s'en échappait avait quelques chose de terriblement attirant, comme si le recueil souhait être ouvert, être lu, pour que jamais ne soit oublié son histoire.
La couverture quand à elle, d'un bleu profond, sans fin même, rappelait l'infini du ciel nocturne, l'espace dans lequel résident nombre d'entités divines. Douce comme un plumage, tendre comme la peau, la couverture incitait a souffler sur l'épaisse couche de poussière qui la recouvrait pour tenter de déchiffrer le titre.
Une petite croix argentée, ou blanche, selon la luminosité, était gravé en son centre. Elle évoquait tour à tour un X, une étoile et la croix du seigneur, cela dépendait se l'angle sous lequel on la regardait.
La tranche rêche, taillée à même le bois d'un pommier, contrastait avec cette première de couverture simple. En laissant glisser le doigt le long de cette tranche, on sentait défiler sous la peau un motif complexe de striures et d'arabesques comme d'anciennes runes sacrées.
Et, en faisant défiler les pages à toutes allures, le livre faisait résonner une douce mélodie, ancien chant des temps oubliés. En ralentissant la cadence, on remarquait de petits gribouillis à l'encre dans la marge, des constellations entières retranscrites sur le papier comme de petites étoiles solitaires qui se serait perdues sur Terre.
Puis soudain, n'y tenant plus, on s'arrêtait au prologue, et déchiffrait avidement les lettres écrites à la main en une calligraphie complexe...