"Le soleil n'était même pas levé, que la ville s'éveillait doucement. Il régnait encore un silence parsemé de temps à autre du crissement du tramway, d'un bruit de moteur ou du klaxon d'un bâteau quittant le port. Il faisait froid, mais cela ne dérangeait pas Lucie. Au contraire, chaque fois qu'elle en avait l'occasion, elle sortait dans la fraîcheur du matin, se délectant de l'air sec et pur et inspirant à grand poumon, comme si c'était la dernière fois que ce plaisir l'eut été donné..." " Elle prit la seule route principale, celle qui menait au bourg, se laissant guider par ses pieds. Une sensation de peur irrepressible s'insinuait en elle, et l'incitait à se rendre au plus vite à destination. La jeune femme vira à droite, prenant un petit chemin de terre qui aboutissait à un vieux portail, bleu éclatant dans sa jeunesse, et qui n'était plus que bois usé par l'âge et peinture écaillée. La maison était là. " Vivre implique que tous, à un moment donné, comme Lucie, nous doutons, nous nous demandons si nous sommes vraiment heureux dans cette vie qu'est la notre. Pour certains, c'est alors le moment de s'interroger, en se confiant, ou en s'isolant. Lucie renouera alors avec son "refuge". Mais la jeune femme se rendra compte que le passé ne représente pas toujours une protection et que certains détails ne s'oublient jamais...