"Le monde est un long texte à toujours corriger"... ainsi commence le poème traditionnel que tous les petits Ormingiens apprennent. Ainsi que "ils", après vous, c'est l'autre. Arglarenzor, qui est passé par l'école, ajoute même : l'ennemi. Orminge est un pays où l'on voit des pinces de crabes dans les constellations, où l'on déclare son amitié et où l'on compte en base trente. Fictif mais réaliste, il est doté de son art, de sa culture et de son histoire.
Arglarenzor Muly-Aven, devenu maire de Stipy-Stipy-Van, mi ville mi campagne et neuvième commune de l'Orminge, instaure "l'Agonistie", un système compétitif où ceux qui proposent les meilleures idées sont au pouvoir : enthousiasme de la nouveauté, l'idée paraît bonne et commence bien au fur et à mesure du mandat.
Bien vite, des voix se distinguent. La voix grave de Leïanor Ren, réparateur d'ascenseur (comme dans la fiction moderne la plus connue de l'Orminge, une amourette sur fond de dystopie qui lui met la honte). Celle d'Oswalda Aven (vingt cinq ans), catastrophiste cousine du Maire travaillant dans l'administration. Côté campagne, Olivia Aïela, vingt ans, ouvrière agricole, cherche sa place dans sa fratrie et l'amour de Gaïanor Nupy, le jeune serviteur d'Oswalda. Idylles, labeur quotidien, idées neuves, sont peu à peu troublées par Arglarenzor qui, semblant écouter les voix, ignore les critiques.
Roman au premier jet achevé, expérimental, je lui donne la dure mission d'être un "joyeux roman social" : le social c'est souvent le sordide, mais il s'exprimera ici dans la joie.
(L'auteur.e Liv Pirosh accepte les retours constructifs mais annonce qu'une relecture est en cours, vous n'en lisez qu'un premier jet écrit en neuf mois, comme un bébé !)
Environ 30 000 mots.
Yuna.
Indifférente à tout ce qui l'entoure... sauf quand il s'agit de sa famille, de son meilleur ami, de la famille de son meilleur ami, de son chat, ou du dessin.
L'amour, les histoires à deux, les promesses en l'air, tout ça l'a toujours laissée de marbre. Trop éphémère, trop bruyant, trop instable.
Mais pour elle, ces cinq choses n'ont jamais été éphémères. Elles étaient sa base, son refuge, ses piliers. Jusqu'à ce que l'une d'elles vacille. Jusqu'à ce qu'elle se rende compte qu'on pouvait perdre même ce qu'on croyait éternel.
Depuis, elle tente. Tant bien que mal. D'avancer, de ne pas s'effondrer, de faire semblant d'être indifférente, même quand son cœur, lui, hurle en silence.
Car faire semblant de ne rien ressentir pour ce qu'on chérit, ça n'a jamais été un choix. Et ce ne sera jamais un soulagement.
Juin 2024