Cela fait huit heures, huit longues heures que je ne suis pas sortie de l'armoire.
Plongée dans la pénombre, j'ai du mal à garder mon calme.
À l'intérieur, l'espace est si étroit et l'air qui passe entre les planches de bois est si infime, que je sens la chaleur de mon propre souffle sur mon visage.
Cela faisait presque cinq ans que maman ne m'avait pas enfermée.
Quand j'étais petite et qu'elle était fâchée, je finissais souvent dans cette même armoire.
Depuis cette époque, une chose n'a pas changé: j'ai toujours la même peur et la même angoisse qu'autrefois.
Je n'entends plus maman depuis un long moment, cela signifie que la nuit est tombée et qu'elle est partie chercher du bois pour le feu.
Je déteste quand elle n'est pas avec moi, je déteste être enfermée, je me déteste tellement...
Ma respiration s'accélère, j'ai l'impression que l'armoire se referme de plus en plus sur moi.
Je ferme les yeux pour reprendre le contrôle mais il est déjà trop tard, mes jambes lâchent sous mon poids.
Je m'effondre et mes genoux heurtent violemment le sol de l'armoire.
Mon corps se recroqueville sur lui-même, mes mains se crispent autour de mes bras et mes ongles se plantent dans ma chair.
Je sens des larmes chaudes couler à flot sur mon visage.
L'aire me manque, je respire encore plus vite, encore plus fort mais c'est inutile.
C'est comme si ma propre peur m'étranglait.
Comme si je sentais ses mains se serrer autour de mon cou.
Dans ma tête, les mêmes phrases tournent en boucle : TOUT EST DE TA FAUTE ! TU AS TOUT GÂCHÉ !