Un jour où je rentrais du collège alors quil faisait nuit, jarrivai à hauteur dune personne âgée denviron cinquante ans. Jallais la dépasser quand cette personne mappela. Je marrêtai net de marcher. Les yeux braqués sur moi, lhomme me demanda :
« Tu joues au foot ? »
Cétait vrai et je répondis par laffirmative. Puis, en vitesse, je rentrai chez moi. Arrivé à la maison, il ny avait personne pour mouvrir. Il faisait noir et jentendis des pas se diriger vers moi. Mon cur battait à tout rompre. La silhouette sapprochait et sortit de lobscurité : heureusement, cétait ma mère ! Je rentrai avec elle et oubliai bien vite mon étrange rencontre.
Le lendemain, en me rendant au collège, je me tordis la cheville. On me fit rentrer chez moi et je me retrouvai seul. Le téléphone sonna. Je décrochai et reconnut la voix de lhomme de la veille :
« Jai fait en sorte que tu nailles pas à ton entraînement ce soir. Si tu avais le malheur de tenter dy retourner, je ferai en sorte que tu ne puisses plus jamais jouer au foot!».
Mort dangoisse malgré moi, je raccrochai. Je tentais de me rassurer en me disant que cétait une blague.
Dès que ma cheville ne me fit plus souffrir, je me rendis à lentraînement. Je fis à peine quelques pas avec le ballon sur la pelouse que je chutai violemment. On mévacua durgence et lhôpital me diagnostiqua une double fracture du péroné. Jétais secoué dintenses tremblements en comprenant que la menace de lhomme sétait réalisée. Jétais encore très faible quand ma mère arriva à mon chevet. Mes premiers mots furent : «Jarrête le foot ».
Personne ne sut jamais ce qui sétait passé ni ne comprit ce brusque dégoût pour mon ancienne passion.