Tic…Tac…Tic…Tac...Tic…Tac…Tic…
Ding ! Ding ! Ding !
Une semaine, une longue semaine, c'est dans ces moments de rien où l'on prend conscience de la longueur du temps.
J'ai arrêté de me rendre au lycée, du jour au lendemain, et ils ont appelé mais je n'ai jamais décroché.
La première métamorphose qui eut lieu sur ma figure fut mon sourire.
Il diminua, il se rétracta, il se ferma, il fut finalement clos.
Ma bouche n'est plus que des lèvres serrées, hermétiques.
Et lorsque je tente de sourire à mon jumeau glacé, celui-ci me renvoie une grimace, un rictus laid.
Une sorte de monstre ayant pris la place de ma bouche et qui apparait dans toute son horreur quand les zygomatiques fonctionnent.
La deuxième transformation qui toucha mon visage fut la perte de mes couleurs.
Exposé continuellement à une morne lumière, une ampoule crachant sans interruption une teinte jaune orangée.
Mon corps a pâli, mes yeux ont terni.
Ma chair se mit à fondre, quittant, se détachant du reste de mon être.
Ma peau blanche, devenue fine comme du papier et rugueuse comme de la pierre, s'étire, tendue sur mes os pointus, à éclater.
Mes yeux s'enfoncent dans leurs orbites, mes lèvres, déjà indistinctes de ma figure par leurs pâleurs, s'effacent.
En quelques jours, je suis devenu un humain inhumain.
Toujours, j'erre, et un soir, en montant l'escalier pour rejoindre ma couche, je sens que c'est la dernière fois.
Le lendemain, en sortant de mon lit, je ne parvenais à descendre, même la salle de bain, en face de ma chambre est à des kilomètres.
Le soir vint , je m'allongeais dans mon lit ; ce jour a été le dernier que j'ai passé debout.
Maintenant, je suis recroquevillé sur mes fioritures.
Plus mort que vivant et pourtant plus vivant que mort.
Seul mon corps vit encore, trop jeune pour déjà s'éteindre.
Mon âme et mon cerveau, ma conscience sont morts dans leurs torpeurs.
Je suis vide.
" Peat attend patiemment mon sous le préau de la cour. Plus je me rapproche, plus je me rends compte à quel point ce mec est bien bâti. Une veste en cuire marron met en valeur ses larges épaules, un jean délavé parvient à dévoiler la forme du muscle de ses cuisses qui roulent sous sa peau.
Il s'avance a son tour, un sourire charmant enveloppe son visage d'une douceur inouïe. Ses dents sont blanches comme des diamants de porcelaine. Chaque geste qu'il fait, chaque trait de son corps... montre qu'il est construit a la perfection. Sa beauté m'ensorcelle comme si le fait de le regarder m'empoisonnerait à tout jamais. De la buée floute ma vision et plus je m'en approche plus mon cœur vibre de plus en plus fort dans ma poitrine à chacun de mes pas. Je m'arrête net dans ma marche, quand je réalise qu'il effleure de quelques centimètres mon corps, qui paraît se faire tout petit à ses yeux. Je deviens une proix face au prédateur. Sa carrure imposante n'est pas digne de ce qu'il en est à l'intérieur, car de sa voix la plus tendre, il me balance les trois mots les plus banals de la terre.
-Salut ça va ?
Combien de fois les ai-je entendus ces mots ? Une multitude de fois, tous les matins dans la cour, derrière le téléphone, à la maison... alors je lui lance d'un ton exaspéré.
- Pourquoi ça n'irait pas ?
Il met un long moment avant de répondre.
- Parce que tu souffres toi aussi. "
【 EN RÉECRITURE 】
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