Prologue
La trêve tenait par un fil.
Les cendres de Solarys couvraient encore les rues, tapissant une ville qui peinait à se relever. Ici, les bâtiments éventrés s'érigeaient comme des squelettes, témoins silencieux de la guerre. Là, des ouvriers martelaient des poutres brisées, leurs chants, pourtant porteurs d'espoir, étouffés par une atmosphère lourde de poussière et de tension.
La trêve était fragile. Officiellement, la guerre était finie, mais dans les tavernes et les marchés, les murmures racontaient une autre histoire. On parlait de troupes mobilisées au sud, de cités rivales qui reprenaient leurs armes, et certains affirmaient que cette paix n'était qu'un sursis. Pourtant, dans les rues, personne n'osait évoquer à haute voix ce que chacun redoutait : le retour du conflit.
Sur les remparts, un vieux capitaine scrutait l'horizon, sa main serrant la garde d'une épée usée. À ses côtés, un jeune soldat observait en silence, jusqu'à murmurer :
- Qu'est-ce que vous voyez ?
Le capitaine ne répondit pas immédiatement. Ses yeux, fatigués mais perçants, semblaient sonder l'invisible.
- Rien, répondit-il enfin, le ton grave. Mais rien n'est parfois plus dangereux que ce qu'on ne voit pas.
Au pied des murailles, des enfants jouaient en silence, traçant des cercles dans la poussière. Plus loin, une mère rappelait son fils, la voix tremblante, comme si elle craignait qu'il disparaisse à son tour dans les décombres.
Solarys n'était pas prête. Ni pour une nouvelle guerre, ni pour les secrets qu'elle cachait dans ses entrailles. Sous la ville, loin du regard des hommes, quelque chose bougeait. Les pierres vibraient d'une énergie sourde, presque imperceptible. Ce qui dormait sous les cendres attendait, prêt à se réveiller.