Rien de nous n'est innocent
Orane n'a jamais su où se placer. Elle ne parle pas beaucoup, s'habille en noir presque tous les jours, les cheveux aussi noirs que ses yeux. Toujours en retrait. Trop étrange pour les autres, mais jamais assez pour appartenir à un groupe. Elle vit à côté du monde, pas vraiment dedans.
Elle a fui la guerre. Elle a vu ses parents mourir devant elle, massacrés sous les bombes. Depuis, elle ne pense qu'à une chose : protéger son petit frère. À Rio, elle vit en silence, la rage en veille, la douleur coincée entre les côtes. Elle n'a besoin de personne. Elle n'a confiance en rien.
Et puis il y a Malik.
Lui aussi a grandi avec la violence. Son père lui a tout appris sur les moteurs, sa mère l'a laissé tomber quand il est devenu un poids. Viré à ses 18 ans, il a dormi dans un garage, vécu de mécanique, avant de devenir l'un des hommes les plus dangereux de la ville. Aujourd'hui, il est mafieux. Respecté. Détesté. Craint. Il roule en moto, il ne parle jamais de son passé, et il frappe plus vite qu'il ne pense.
Quand Livia et Malik se croisent pour la première fois, ce n'est pas une rencontre. C'est un choc. Deux caractères faits pour se détruire.
Elle l'insupporte. Il la dégoûte.
Ils se détestent instantanément. Et c'est viscéral.
Mais il y a une chose que ni l'un ni l'autre n'avait prévue : ce lien. Brutal. Animal. Ce fil invisible, tendu entre eux, qui grince et brûle à chaque regard. Ce n'est pas de l'amour. C'est pire. C'est une guerre qui les consume de l'intérieur. Une guerre qu'ils refusent de perdre.
Livia voit en lui un poison. Malik voit en elle une menace.
Mais derrière la haine se cachent les ruines. Et parfois, il faut aimer la mauvaise personne pour comprendre jusqu'où on est prêt à sombrer.
Parce qu'à Rio, on ne tombe pas amoureux.
On tombe. Point.
