En bas de chez Mathieu, au 12 rue Lejoindre, il y avait un muret poncé par l'usure. C'est là qu'on a grandi. Agglomérés tous les soirs avec une dizaine d'autres garçons en survet'. Sami, Le Djé, Mathieu, Varlotti, Abed, Marco, Abdelhadi...
Avec les gars du muret, on faisait des duels de vannes improvisées. Ceux qui bégayaient étaient momentanément considérés comme trop fragiles alors ils rentraient chez eux la tête baissée sous les huées.
Y'avait des mots comme : "foetz", "w'lah tes schlaps géla", "la gova de tes grands morts". Ça taillait sur le poids, les cheveux, les dents, les sapes, les origines, l'alcoolisme du daron, l'accent de la darone, le grand frère qui a pleuré au parloir, la précarité des parents sans emplois ou les métiers pouraves des darons qui avaient du taf.
- Pourquoi pas ?
- Parce.. parce que non seulement je ne te connais que depuis quelques jours en plus je ne suis pas à toi voyons, lâche moi maintenant !
- Tu m'appartiendras peut être, tu n'en sais rien.
- jamais ! Maintenant lâche moi, ça y est là.
- jamais ?
- jamais !
Il allait dire quelque chose quand on a entendu un klaxonne et quelqu'un l'appeler c'était sûrement le mécanicien, il m'a lâché, j'étais complètement sonnée, à la porte il s'est arrêté et m'a dit :
- Ne jamais relever au défit un homme, toi tu seras à moi Sadeiya Djoumane Haïdara, c'est moi qui te le dit.
Nous avons tendance à assister à des alliances de toutes sortes dans nos chères sociétés Africaines : d'amour, forcés, familiales, sous contrat, ou par intérêt... Cependant un à la suite d'un défit où devrais-je dire à la suite d'obstination effrontément démesurée et caractérisée ....c'est, et sans doute, carrément autre chose.