Ce que crient les profondeurs des cœurs

L'odeur du tabac froid et des fumigènes, le vacarme des cris mêlé aux détonations, la pression d'une foule qui vacille entre l'espoir et la panique. Thiago n'a rien d'un révolutionnaire. Il n'est pas là pour la cause, ni pour les slogans rageurs qu'il scande sans y croire. Il est là pour Christopher. Parce qu'il a dit qu'il serait là. Parce qu'au fond, il espérait que cette manifestation ne soit qu'un prétexte, une excuse bancale pour se retrouver.

Puis le premier coup de feu retentit.

Dès lors, tout devient flou. La fumée, les cris, les corps qui tombent et cette silhouette qu'il croit reconnaître, là, juste devant lui. Un regard éteint, une main tendue, un dernier murmure qu'il peine à comprendre. Et ce silence, ce putain de silence qui pèse plus lourd que tout le reste.

Les jours suivants, Thiago erre dans une ville qui ne semble plus être la sienne. Il croise des visages fermés, entend des vérités qu'il refuse d'admettre. Pourtant, il le sait : quelque chose s'est brisé ce jour-là, quelque chose qui ne pourra plus jamais être réparé.
Mais quand tout s'écroule autour de soi, doit-on continuer à se battre pour être le seul debout?