2 parts Complete La folie ordinaire, c'est faire des allers-retours dans des unités de soins qui sentent l'éther et qui forment des microcosmes à eux-seuls. Parce que c'est un large panel de la population qu'on y retrouve, de l'alcoolique chronique à la jeune femme qui s'est défenestrée après avoir vécue les pires atrocités. Les joies de la sectorisation en psychiatrie. C'est partager sa chambre avec une femme de soixante-ans qui souffre autant de dépression que d'ennui, rythmer ses journées au gré des séances avec le psychologues et psychiatres, et ateliers en tout genre, ou Oh ! miracle, avoir le droit de se balader dans le jardin de l'hôpital quelques minutes. C'est surtout cloper, cloper beaucoup, parce qu'il faut le dire, on tourne vite en rond. Et puis la sortie n'est guère plus salvatrice, quand on t'a infantilisé pendant des semaines, avec le repas à dix-huit heures précises et l'appel du traitement à vingt-et-une heure pétante, le retour à la réalité s'avère difficile. Car la folie ordinaire c'est aussi la répétition. L'ordre dans le chaos. Une petite routine bien ficelée, censée contrer toute tentative vaine de ton organisme de céder à ses passions. C'est une lutte perpétuelle contre soi-même, afin de dompter l'indomptable. Et lorsque ton microcosme laisse place à la solitude dans un appartement de 20m2, où aucune infirmière ne siège pour meubler ton vide existentiel, tu deviens ton pire ennemi.