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Il s'appelait Léo. À seize ans, il découvrait l'amour comme on découvre la mer : avec fascination, crainte et la douce impression que quelque chose d'immense venait de naître en lui.

Elle s'appelait Élise. Vingt et un ans, un sourire discret, des livres toujours dans les bras, et ce regard perdu dans les choses que personne ne voit. Elle n'était pas de son monde, et pourtant, elle était tout son univers.

Ils s'étaient rencontrés à la bibliothèque municipale, un jour de pluie. Léo, timide, cherchait un roman de poésie française. Élise l'avait aidé à le trouver. Et sans le vouloir, elle avait laissé tomber un mot doux entre les pages : sa voix. Depuis ce jour, il revenait, chaque semaine, toujours aux mêmes heures, espérant la croiser.

Ils parlaient souvent. D'art, de musique, de solitude aussi. Lui parlait avec la fièvre de ceux qui aiment trop vite. Elle l'écoutait avec la tendresse de ceux qui savent qu'ils ne doivent pas aimer. Car Élise savait. Elle savait que ses vingt et un ans posaient une barrière invisible, mais infranchissable. Elle savait que l'amour, dans ce cas, serait une faute, un danger, un feu interdit.

Mais Léo ne comprenait pas. Ou plutôt, il refusait. Pour lui, les années n'avaient pas d'importance. Il l'aimait, d'un amour pur, douloureux, déchirant. Et chaque fois qu'elle s'éloignait un peu, par prudence, il se brisait un peu plus.

Les mois passèrent, et un jour, Élise ne vint plus. Aucun mot. Aucune explication. Seulement le vide.

Léo tomba dans le silence. Il cessa d'écrire, de parler, de rêver. La lumière s'éteignit doucement en lui. À ses parents, il disait que tout allait bien. À ses amis, il souriait par réflexe. Mais chaque nuit, il écrivait des lettres qu'il ne posterait jamais. À Élise. À la vie. À la douleur.

Puis un jour de janvier, froid, coupant, il monta sur le toit de son lycée. Il regarda le ciel, pensa à son dernier poème, et sauta. Sans bruit. Comme un soupir.

Dans sa poche