Beauty & Grace

Il existe des silences qui pèsent plus lourd que mille mots. Des instants suspendus, où le cœur bat sans raison, où chaque souffle semble inutile. Dans ces moments figés, même la mémoire devient ennemie : elle rappelle sans relâche ce qui a été, ce qui ne sera plus. Ni le temps, ni les promesses, ni même l'espoir ne suffisent à combler ce vide-là - celui que la perte imprime dans la chair.

On prétend que la douleur s'efface. Que l'oubli finit par lisser les cicatrices comme la mer polit les rochers. Mais certaines plaies ne guérissent pas. Elles se taisent, c'est tout. Elles attendent. Elles observent. Et quand la nuit tombe, que les lumières s'éteignent et que plus rien ne bouge, elles reviennent, familières, insidieuses, prêtes à se rouvrir. Il suffit d'un murmure. D'un nom. D'une voix.

« Zayaan, aide-moi... »
Encore. Toujours.

Ces mots tournaient dans son esprit comme une ritournelle brisée, imprégnant chaque recoin de son être. Il les portait en lui comme un fardeau invisible, une prière qu'on n'a pas su exaucer. Il avait essayé de fuir, de s'oublier dans l'agitation ou le silence, mais il n'y avait plus de refuge possible. Le passé ne se fuit pas. Il s'enracine.

Zayaan restait là, immobile, comme détaché du monde. Les autres continuaient de vivre, de parler, d'exister. Pas lui. Il avait cessé de chercher du sens à ce qui lui arrivait. Ce n'était pas de la résignation. Plutôt une lucidité étrange, presque douce, comme si tout ce qui comptait avait déjà eu lieu.

Et dans cette nuit sans étoiles, tandis que le froid s'infiltrait sous sa peau, il accueillit le silence comme une réponse. Il n'avait plus besoin de lutter. À quoi bon ? Certaines choses n'étaient pas faites pour durer. Lui, peut-être, n'était qu'un passage.

Un battement de cœur. Puis un autre.
Et bientôt, plus rien à regretter.