Les Héritiers: Les Enfants du Sang et du Sel

1719. Les océans s'étaient tus.

Le pavillon noir ne flottait presque plus nulle part, et les canons des grandes flottes royales avaient résonné si fort qu'ils avaient noyé les derniers chants de liberté. Port Royal était tombé, Nassau brûlait encore, et les corsaires qui n'avaient pas été pendus étaient traqués comme des bêtes. L'âge d'or de la piraterie s'était achevé dans le sang et le feu.

Mais tous ne s'étaient pas rendus.

Dans le secret le plus absolu, un homme que l'on croyait mort depuis longtemps reprenait la mer. Son nom n'était jamais prononcé à haute voix, car il portait en lui l'écho de légendes trop anciennes, trop puissantes. Barbe Blanche, le titan des mers du Nord, le seul à n'avoir jamais été capturé ni vu tomber. Certains disaient qu'il avait passé un pacte avec les dieux vikings. D'autres prétendaient que son navire, le Mjölnir des Flots, fendait les vagues comme une hache fend la pierre.

Mais la vérité était plus folle encore : il avait disparu... pour mieux bâtir un sanctuaire.

Tandis que les royaumes civilisés se disputaient les terres et les mers, Barbe Blanche rassembla dans le silence les héritiers de ses frères d'armes tombés. Il recruta les fils et filles de Barbe Noire, de Barbe Rouge, de corsaires oubliés, de capitaines vikings dont les runes étaient gravées sur les voiles de guerre. Il leur promit une chose : la mer leur reviendrait un jour.

Dans le cœur d'une tempête éternelle, là où les aiguilles des boussoles deviennent folles et où les cartes se déchirent d'elles-mêmes, il trouva une île invisible au monde. Il la baptisa Aegir, du nom du dieu des océans de son sang ancien. Et là, sur ce rocher battu par les vents, il fonda l'Académie des Vents.

Là où le monde voulait la fin des pirates, Barbe Blanche préparait leur renaissance.